Question orale du groupe Nouveau Regard sur la méthode Piolle présentée par Delphine Bense
Conseil municipal du 8 novembre 2021
Question orale du groupe Nouveau Regard
sur la méthode Piolle présentée par Delphine Bense
Voyez-vous, je suis nouvelle dans cette assemblée et sans expérience d’élue. Il se trouve que lorsqu’on s’engage dans la vie citoyenne, de surcroît pour un mandat de proximité, on a à cœur de servir les intérêts de sa ville et d’être utile au plus grand nombre. Un élu se doit de dépasser la posture du candidat qui parle à son camp, se fait élire par son camp et ses propres militants. Une fois en responsabilité, l’élu a l’obligation de prendre de la hauteur et d’agir pour le bien commun.
Agir pour le bien commun nécessite de concerter, d’écouter, d’amener à trouver des consensus, de faire des compromis. Et je dois dire qu’en simple citoyenne, j’observe depuis 2014 vos majorités opérer et que je suis effarée par la méthode.
La démocratie s’enrichit des débats de fond, d’orientations et de positionnements différents, du pluralisme de la pensée. Mais elle est fragile et nécessite que chaque petite parcelle de pouvoir confiée à un élu soit utilisée avec le plus grand respect de ceux qui acceptent de placer leur vie, leur bien-être et leur ville entre les mains de tel ou telle, dans le plus grand respect de ceux qui refusent vos orientations mais restent vos administrés.
C’est pourquoi, je trouve bien imprudent de faire le choix d’ignorer ou de mépriser ceux qui vous ont donné mandat. Pas réellement pour vous ou votre majorité mais pour l’idée que je me fais de la démocratie représentative. Et malheureusement, la liste est longue de ces prises de position unilatérales et sans concertation.
A défaut d’être entendus, les Grenoblois, les unions de quartiers, les commerçants, bref ceux qui vous ont fait confiance pour la gestion de cette ville, ne sont même pas écoutés. J’allais boucler ce texte lorsqu’une tribune libre dans Place Gre’net le 4 novembre a fait écho à mes réflexions. L’UHCV, l’union des habitants du centre-ville, relate avoir adressé 16 courriers en 7 mois à Madame Tavel et Messieurs Confesson, Namur, Alloto, Kada et vous-même monsieur le maire, sans jamais recevoir ni réponse, ni accusé réception. Les sujets évoqués sont divers : les terrasses, l’entretien de l’espace-public, les incivilités routières dans les espaces piétons, la situation de l’Avenue Alsace-Lorraine, etc… Ils ne demandent pas de recettes magiques sur des solutions, ils demandent à ce que leurs requêtes soient entendues et traitées.
Et que dire de la piétonnisation du secteur Sainte Claire – Notre dame, aucune concertation ; la piétonnisation des place aux enfants, aucune concertation ; la fermeture des bibliothèques alors que vous avez été élu sur un programme d’accès à la culture, non-respect de vos engagements de campagne ; la restriction du nombre de places de stationnement et l’augmentation hallucinante de leur prix, décision unilatérale ; fermeture du pont Esclangon et sans aucun respect du quotidien et des modes de vie des Grenoblois, décision unilatérale…
En outre, notre ville est partie intégrante d’un territoire, d’une métropole et pas, une île déserte au milieu d’un océan lointain. Les élus de la majorité ne peuvent pas faire comme si leurs décisions étaient autonomes et exemptes d’une concertation avec les élus des villes alentour et de la Métropole. Lorsque votre candidat à la présidence de la Métropole a perdu face à Christophe Ferrari à l’issue du 3ème tour de vote le 17 juillet 2020, vous avez déclaré dans le DL “Nous ne participerons pas à cette majorité et nous entrons dans une crise institutionnelle. Ce n’est plus la Métropole de Grenoble car Grenoble ne sera pas dans la majorité.”
Évidemment que la Métro reste la Métropole de Grenoble ! On attend d’un maire qu’il fasse fonctionner les institutions et qu’il trouve les compromis nécessaires pour le bien-être de ses administrés, pas qu’il se positionne en mauvais perdant. Votre majorité a perdu la présidence de la Métro… Dont acte, c’est le jeu de la démocratie. Que les élus de votre bord quittent tous la séance à l’annonce du résultat, sans attendre la fin des délibérations, c’est illégitime.
Trouver les compromis nécessaires, c’est aussi considérer que les élus du territoire, élus comme vous, voire mieux que vous, sont tout aussi légitimes et sont vos premiers interlocuteurs. Fermer le pont Esclangon sans aucune information ou concertation ni avec la ville de Fontaine ni avec la Métropole relève au mieux du mépris. Les solutions ne sont pas dans l’enfermement mais dans l’ouverture, sans mauvais jeu de mot.
Les citoyens ne sont pas écoutés, les élus de la Métro, des villes voisines, de votre opposition sont ignorés. En conséquence les positions se radicalisent et les contentieux terminent au tribunal… fatalement, c’est la seule instance à laquelle vous ne pouvez vous soustraire. Et dommage pour la ville de Grenoble, la justice donne souvent raison aux requérants : il a fallu la menace d’une décision du TA pour que vous modifiez votre premier arrêté concernant la fermeture du Pont Esclangon ; Le juge des référés a également rendu le 2 août une ordonnance contre la ville, en faveur de la serrurerie Fiat car votre projet de Place aux enfants et la piétonnisation impactent directement son activité et donc la pérennité de son entreprise ; Nouvelle ordonnance le 22 octobre qui suspend votre arrêté du 7 juillet concernant les restrictions de circulations rue Cuvier ; Mais si on remonte, en 2018 déjà la justice avait dispositif d’interpellation et de votation citoyenne de la Ville de Grenoble.
Pardon monsieur le maire d’énoncer ces réalités. Mais je fais partie de ces gens qui ne pensent pas qu’une seule personne, un seul bord politique détienne la vérité. Je ne pense pas qu’on puisse avoir raison tout seul et que la meilleure situation pour l’intérêt général se situe souvent à l’intersection des opinions. S’enfermer sur ses certitudes ne peut pas être une issue pour notre ville, d’autant moins que, même votre propre camp ne vous a pas donné crédit à la primaire EELV.
Quand accepterez-vous de travailler avec vos oppositions, avec les élus de la Métropole et surtout avec les habitants, tellement demandeurs de solutions concertées ? Pourquoi ne mettez-vous pas en place une méthode qui soit conforme à vos annonces de campagne concernant la démocratie participative ? J’avais compris que cet engagement vous tenait à cœur et visiblement la méthode actuelle ne satisfait personne, pas même les tribunaux. Vous et moi, nous serons probablement rarement d’accord sur le fond des dossiers mais ne peut-on pas trouver ensemble des solutions médianes de compromis ?