Conseil municipal du 8 novembre 2021

Intervention de Delphine Bense sur le rapport de la ville de Grenoble en matière de développement durable

Le rapport est vraiment dense. Il est tellement dense qu’il faudrait un conseil municipal complet pour le commenter en détail, notamment sur la qualité de l’air qui mériterait qu’on s’y attarde car elle n’est pas si bonne que vous l’affirmez. Je pense que le diagnostic d’Atmo devrait être pris plus au sérieux.

Mais bref, je vais me contenter d’évoquer 2 points de ce rapport.

-1—— Habiter la ville et la végétalisation de la ville et le nombre d’arbres plantés

Le bilan présenté est loin d’être à la hauteur des enjeux. Je reprends la précision que vous apportiez en début de ce conseil municipal. Vous dites que la ville a planté 5.000 arbres sur le précédent mandat, dans une ville qui n’en compte que 36.000 pour 160.000 habitants, c’est 830 arbres / an pour une augmentation de.. 2,3% / an.

D’autant que, si on en croit “Grenoble arboricole – stratégie de l’arbre”, l’objectif est de planter 10.000 nouveaux arbres à horizon 2030, soit 1.100 arbres sur les 9 ans qu’il reste…si tant est qu’entre 2026 et 2030 une autre majorité plus ambitieuse sur le sujet ne fasse pas mieux.
Donc, il faudra qu’à partir de l’année prochaine, la ville plante quasiment 2x plus d’arbres qu’aujourd’hui.

Ma réflexion, c’est de dire “Chiche et tant mieux” ! Même si avec 10.000 arbres de plus en 2030, on est loin, loin de la comparaison avec d’autres. A Nantes, ce sont 37m² d’espaces verts / habitant ; à Angers 100m² ; à Strasbourg 116m² … à Grenoble, 14 ! Même la moyenne nationale est à 48m², on est juste 4x en-dessous. Alors, atteindre 46.000 arbres en 2030 si l’objectif des 10.000 plantations est atteint, c’est un minimum mais ne comblera pas le gap par rapport aux 110.000 arbres angevins. Vraiment dommage. Et je rappelle que Nouveau Regard avait proposé d’en planter 50.000 sur le mandat… soit 8300 / an.

-2—— Vivre ensemble
Au sujet de la participation citoyenne qui se réinvente et notamment en temps de crise Covid. (p 39)

Vous vous félicitez d’avoir tenu 6 réunions en présentiel de novembre 2020 à avril 2021 et vous avez royalement réuni… 90 grenoblois. 90 grenoblois en 6 réunions, soit 15 personnes / réunion.

Par ailleurs, 250 personnes ont, dites-vous, répondu à à des questionnaires en ligne.

Ces deux actions ont permis de prendre “l’avis des citoyens pour éclairer vos décisions pour les conforter ou les mettre en question”.

Donc, je vais être sympa, je vais considérer que les 90 présents sont distincts des 250 répondants au questionnaire. A mon avis cette hypothèse est fausse mais admettons que je cherche à vous rendre le calcul le plus favorable possible.

Premièrement, 340 personnes ce n’est pas un échantillon représentatif ! Pardon, je suis économiste. Les statistiques, les enquêtes et les échantillonnages, c’est un peu la base de mon premier métier. Donc l’avis de 340 personnes, c’est … marginal ! Rapporté à l’ensemble des habitants de Grenoble, on parle de l’avis de 0,2% de la population…

Deuxièmement, et on en revient à mon premier propos lors de la question orale, vous êtes le maire de tous les grenoblois, pas de 0,2% d’entre-eux. Quand 0,2% de la population s’exprime, en vrai c’est 99,8% qui se tait ! On devrait s’affoler de cette faible proportion, pas d’en réjouir.

Bref, en fait, ce rapport, ce sont plutôt 62 pages d’auto-satisfaction que de vraies politiques. Je trouve dommage que la majorité ne fasse pas un vrai bilan de son action. Ni sur le vivre-ensemble, ni sur la participation citoyenne, ni sur les espaces verts, ni sur la qualité de l’air… Vous savez, c’est l’histoire du gars qui tombe d’un immeuble et qui à tous les étages dit… « Jusqu’ici, tout va bien !”