11 juillet 2022 in 2022-07-11-Conseil-municipal, Actualités, Conseil municipal, Emilie Chalas, Question orale

Présentation par Emilie Chalas de la question orale sur le squat de la maison Kaminski

Conseil municipal du 11 juillet 2022

Présentation par Emilie Chalas de la question orale sur le squat de la maison Kaminski

Au dernier conseil municipal vous nous avez proposé une délibération sur votre politique de l’habitat, qui dans ses grandes lignes ne souffre d’aucune controverse possible tellement les objectifs sont banals.

Nous vous prenons donc au mot monsieur le maire, chers collègues.

Dans votre stratégie de politique de l’habitat, vous avez voté le paragraphe suivant :

« 3.3 Viser la résorption des squats et campements

L’Etat, le département et GAM sont signataires d’un protocole territorial de résorption des squats pour le territoire métropolitain. Ce protocole a été révisé et fait l’objet d’un nouvel engagement tripartite autour d’un objectif de résorption totale des squats et bidonvilles et de moyens spécifiques renouvelés pour les années 2022-2024. Le protocole vise une résorption totale des bidonvilles d’ici à 2024. Outre la participation au comité de pilotage du protocole territorial, la place des communes et de leur CCAS est identifiée comme centrale au vu des effets de l’existence de bidonvilles sur les territoires, des enjeux de coordination qu’elles assurent en cas de péril, de risque sanitaire et de leur rôle en matière de lutte contre la pauvreté. Aussi, le partenariat entre GAM et le CCAS de Grenoble doit être étroit, les liens réguliers. Des actions communes sont menées concourant à l’objectif de résorption des squats et bidonvilles et plus largement des situations de détresse de personnes privées de domicile personnel, que ce soit au niveau du suivi des sites, de la connaissance des situations, de la coordination d’acteurs et des interventions au cours de la vie d’un site ou encore des opérations d’évacuation et d’orientation des ménages en vue de leur insertion. La ville étudie et étudiera la possibilité de mettre à disposition de manière transitoire certains logements et ou bâtiments auprès des services de la métropole et de l’Etat pouvant servir de lieu « sas » pour les publics sortants de bidonvilles. »

Voilà donc des objectifs que nous partageons au sein de conseil municipal, avec aussi la métropole, le département de l’Isère, la préfecture et les habitants de Grenoble.

Commençons par le 38 rue d’Alembert. Vous me direz, c’est foutu, puisque vous avez régularisé leur situation. Ça c’est cadeau pour les squatteurs : 330 000 euros de travaux et 330 euros de loyer par mois en plein centre-ville.

Mais ça, c’était avant ! Avant la délibération d’engagement à résorber les squats d’ici 2024.

D’ailleurs, désormais, nous supposons que vous pouvez prendre l’engagement de ne plus attaquer en référé les décisions d’expulsion de squats prises par le Préfet. Vous l’aviez fait au moment de l’expulsion du squat rue Jean Macé… Squat qui durait depuis 2 ans et pour lequel vous n’avez rien fait ! Le préfet a agi à votre place (principe de substitution en droit) et vous, tranquillement, êtes allé au tribunal en référé pour empêcher le démantèlement du squat. Malgré le protocole d’accord qui était déjà en place entre le département, la métropole et la préfecture donc…

Mais ça, c’était avant ! Avant la délibération d’engagement à résorber les squats d’ici 2024.

Nous allons donc vous donner votre chance sur un cas plus facile : il est historique, emblématique, le squat est totalement illégal, dangereux, et c’est un patrimoine de l’architecture grenobloise contemporaine. Il se trouve enfin que c’est la propriété de la ville de Grenoble. Un cas facile donc. Toutes les conditions sont réunies pour mettre fin à ce squat en quelques mois, que dis-je, quelques semaines de procédure.

La maison Kaminski rue des Alliés.

La maison Kaminski fut conçue par l’architecte Fernand Kaminski (1903-1993), ancien élève de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, et inscrit à l’ordre des architectes de Rhône-Alpes entre 1942 et 1943. Elle fut construite pour Paul Serméas, directeur des biscuits Brun, propriétaire de parcelle rue des Alliés, dans une ancienne zone rurale au sud-ouest des anciens remparts de la ville, qui était devenue dans les années 30 la première zone économique du Grand Grenoble. Quelques années plus tôt, en 1925, se tenait à Grenoble l’Exposition internationale de la houille blanche sur le terrain militaire du Polygone du génie (devenu le parc Mistral). La nouvelle tour d’orientation d’Auguste Perret, phare de l’exposition et de la ville face aux montagnes environnantes, donne l’exemple de nouvelles possibilités, et de nouveaux matériaux. Quelques années plus tard, Paul Serméas demande une villa aux formes et matériaux novateurs à Fernand Kaminski.

Le permis de construire est accordé par la mairie de Grenoble le 8 juin 1936. Un monument de style unique : il s’agit du seul exemple du mouvement Moderne à Grenoble, caractéristique avec son alternance de lignes droites et de courbes, un toit-terrasse, des hublots, pour l’extérieur, et ses carreaux en damier, son escalier en pierre reconstituée, ses huisseries laquées pour l’intérieur. Il s’agit alors d’une maison pour une utilisation privée et professionnelle, sur un rez de chaussée et 2 étages avec terrasse et un pan arrondi de larges fenêtres soleil levant. Ce style donne à l’immeuble un aspect unique de proue de paquebot. L’édifice est surmonté au 3e étage d’une petite conciergerie, ressemblant à un perchoir de théâtre.

Le squat commence en 2005, la maison était alors abandonnée par la ville de Grenoble. Les occupants sont expulsés par 2 fois en quelques jours. Cette même année, le maire, Michel Destot avait délivré un permis de démolir pour y installer une déchèterie qui ne verra finalement pas le jour. En 2011 ensuite, puis en octobre 2016, la maison est de nouveau occupée. Enfin, en 2020, et depuis lors les squatteurs se portent bien, la maison, elle, se dégrade considérablement : casse et destruction, manque d’entretien, la ruine de ce patrimoine s’accélère.

Cela pose trois problèmes :

  • L’inaction de votre équipe sur la gestion des biens qu’elle a en pleine propriété
  • Le renoncement de votre équipe à protéger notre patrimoine historique
  • La mise en danger des squatteurs eux-mêmes avec un risque probable de péril imminent

Problèmes plusieurs fois exposés à votre majorité depuis 2014, notamment par des riverains excédés par les nuisances et écœurés de voir cet édifice patrimonial tomber en ruine. En avril 2021, c’est Margot Belair qui était l’interlocuteur des riverains. Qu’avez-vous décidé et fait depuis ? Ce sera ma première question.

Compte tenu de la situation d’une part et de vos engagements pris d’autre part sur la résorption des squats, nous vous demandons enfin de mettre tout en œuvre pour sauver ce patrimoine :

  • Expulser les squatteurs dans les meilleurs délais, après procédure conforme au droit,
  • Soutenir notre demande auprès de la ministre de la culture pour octroyer label « Architecture Contemporaine Remarquable »
  • Rechercher un repreneur pour rénover la maison et construire un projet de sauvegarde

Pouvons-nous compter sur vous pour résorber ce squat conformément à vos engagements ?