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Intervention d’Emilie Chalas lors le débat d’orientations budgétaires 2022

Emilie Chalas DOB

Conseil municipal du 8 novembre 2021

Intervention d’Emilie Chalas lors du débat d’orientations budgétaires

Emilie Chalas DOB

Contexte national

La crise COVID depuis 2020 a freiné une dynamique de justice sociale installée et efficace.

Dernier chiffre sur la croissance INSEE 29 octobre : troisième trimestre à 3% soit 6,25% sur l’année 2021, unique en Europe. Et nous avons gardé toutes nos dents Monsieur Back.

(Après une récession de -8% en 2020)

  1. Emploi

Taux de chômage : 7,6% : le plus faible depuis 13 ans

Le taux de chômage est en baisse depuis quatre ans (il est de 8,4% en 2019, contre 10,1% en 2016 et 9,4% en 2017).

+ 438 000 personnes qui ont eu un emploi entre fin 2020 et fin juin 2021, après – 293 000 (pertes d’emploi)

Embauches au plus haut depuis plus de 20 ans, 3/4 sont en CDI, le dernier ¼ en CDD, intérim ou apprentissage.

Alors qu’en est-il à Grenoble ?

Extrait du document du CCAS de la ville de Grenoble Analyse des besoins sociaux 2020 : « Pour donner un ordre de grandeur avant la crise, l’Insee comptabilisait près de 12 000 Grenoblois-es qui déclaraient chercher un emploi, soit 16 % de la population active grenobloise âgée de 15 à 64 ans ». 16% de chômage à Grenoble. Soit 9 points de plus que la moyenne nationale.

Avez-vous aidé les Grenoblois à trouver un travail Eric Piolle ?

  1. Pouvoir d’achat

Selon le Trésor : Les gains de pouvoir d’achat représentent +8 % en cinq ans. Les mesures du Gouvernement ont bénéficié davantage aux 10 % les plus modestes.

Selon lINSEE : En 2019, en France métropolitaine, le niveau de vie médian de la population augmente de 2,6 % par rapport à 2018, et se situe 22 040 euros annuels. Cest sa plus forte progression depuis le début des années 2000 !

Selon l’OFCE. On constate une hausse de pouvoir dachat pour les ménages de 1 % par an, soit un gain annuel moyen de 334 euros.

C’est 4 fois plus que sous les deux mandats précédents : Hollande 76 euros (+0,2%), Sarkozy -15 euros (-0,0%). Et particulièrement les 2 premiers déciles fiscaux.

Nous avons augmenté les salaires et baisser les impôts.

En Isère, les ménages ont en moyenne économisé 1450 euros par an d’impôts. Nous avons baissé les impôts.

Avez-vous augmenté les revenus de vos agents municipaux et baissé les impôts des Grenoblois Eric Piolle ?

  1. Inégalités

« Selon une étude de l’Insee, les inégalités de niveau de vie ont « nettement diminué » en France en 2019. L’indice de GINI qui permet de les mesurer, varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité absolue) s’est établit à 0,289 contre 0,298 en 2018. Les inégalités ont fortement reculé en France depuis 1970, ou l’indice de GINI s’élevait à 0,337. »

« En 2019, le niveau de vie augmente pour lensemble de la population mais la progression est plus soutenue pour les 50 % des ménages les moins aisés (entre + 2,6 % et + 3,4 %). » (INSEE 05/10/21)

En 2019, le niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes, ou premier décile de niveau de vie, augmente de 2,8 % (à 11 660 euros), un rythme proche davant la crise économique de 2008. INSEE (05/10/21)

En 2019, 9,2 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil (de pauvreté), soit 80 000 personnes de moins qu’en 2018 (INSEE 05/10/21).

La part de personnes pauvres dans la population est de 14,6 % en 2019. (INSEE 05/10/21)

En comparaison avec d’autres villes similaires, Grenoble est relativement épargnée par la pauvreté avec tout de même 19 % de la population qui vit avec moins de 1 024 € par mois (pour une personne seule). Soit 5 points de plus que la moyenne française.

A Grenoble, avez-vous permis à des Grenoblois de sortir de la précarité Eric Piolle ?

Alors, j’entends déjà la contestation : la plupart des chiffres que je cite sont de 2019. Ça tombe bien, l’INSEE vient de mettre à jour ces données sur 2020.

Quid de la pauvreté et des inégalités pendant la crise COVID selon l’INSEE (publication novembre 21)

Inégalités et taux de pauvreté : stables par rapport à 2019

Le taux de pauvreté est resté stable en France en 2020 par rapport à 2019, malgré la crise sanitaire : 14,6% en 2020, soit 9,3 millions de personnes. Cette stabilité́ peut étonner si lon se réfère au « 1 million de pauvres supplémentaires » dont la presse sest fait lécho depuis un an.

Indice de Gini, le ratio entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % des personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes ainsi que le rapport interdécile entre les seuils délimitant les 10 % des personnes les plus aisées et les 10 % les plus modestes resteraient inchangés par rapport à 2019. Les inégalités restent stables malgré la crise COVID et malgré les fake-news qui circulent…

Sans l’action du gouvernement il y aurait eu 400 000 personnes sous le seuil de pauvreté de plus en 2020, selon Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’INSEE. Il continue : le taux de pauvreté monétaire aurait augmenté de 0,6 point et l’indice de Gini de 0,007 point en 2020 sans ces mesures.

Il conclut que les mesures mises en place ont permis d’éviter la crise qu’on prédisait. Il serait de bon ton qu’on ne véhicule pas d’autres infos que celles qui sont vraies.

PLF et PLFSS

Le gouvernement continue de soutenir les Français, et le budget en cours de discussion le montre bien : entame la baisse de la dette, la baisse du déficit, et réduction des dépenses publiques.

Tout en inscrivant dans son projet :

PLFSS : 3,3Mds pour continuer la vaccination et les rappels

Grandes avancées d’accès aux soins : contraception gratuite, parcours psy remboursé, accès direct aux soins kiné, orthoptistes et orthophonistes, amélioration du statut des proche aidants, revalorisation des aide a domicile et 10000 ETP dans les EpHad.

PLF :

Le réarmement des missions régaliennes, avec l’augmentation des crédits du ministère des Armées (+1,7 Md€), de l’Intérieur (+1,5 Md€) et de la Justice (+700 M€) +33% en 5 ans

Investissement majeur 70mds, ciblage sur la transition écologique, les jeunes et les plus précaires.

Stabilité des dotations aux CL
Dotations

Sur les dotations, vous avez du mal avec le principe de péréquation : solidarité entre les territoires plus riches et les territoires plus pauvres. Oui, Grenoble redonne à des territoires plus pauvres, cela veut dire que c’est une ville riche, plus riche que la moyenne.

Impact de la crise sur les CL : moins fort que prévu

Décentralisation

Et plutôt que de demander toujours plus d’argent à l’Etat, si nous nous interrogions sur le fonctionnement global de la décentralisation :

La décentralisation, c’est quoi ? C’est l’Etat qui depuis 40 ans, confie un pouvoir de décision à des assemblées locales élues : des compétences, la possibilité de lever l’impôt, et de faire des choix de politique publique locale. Je parle ici des communes bien sûr, mais aussi des départements, des régions et des intercommunalités.

Pour mémoire, la décentralisation en 3 chiffres :

Nous sommes plus de 615 000 élus en France, record mondial parait-il, au regard de notre poids de population. En 2011, nous étions 600 000

Il y a aujourd’hui près de 2 millions d’agents publics de la territoriale, en 2013, c’était 1,7 millions.

Et à ce jour, les budgets des territoires représentent 246 milliards d’euros contre 228 en 2013

Ces 3 chiffres sont en constante augmentation : toujours plus d’élus, toujours plus d’agents publics, toujours plus d’argent dans les territoires. Voilà une réalité qui interroge. Face a la situation en France et plus particulièrement dans nos territoires, les élus locaux doivent prendre leur part de responsabilité. Pourquoi, à Grenoble, persistez-vous à tout mettre sur le dos de l’Etat ?

Plan de relance en Isère

D’autant plus que l’Etat est au rendez-vous dans les territoires ! A titre d’exemple, le préfet a annoncé au congrès de maires de l’Isère que le plan de relance, c’est 1 milliard fléché par l’Etat sur l’Isère. 1 milliard. Pourquoi Grenoble n’a-t-elle pas demandé autant que d’autres collectivités ces financements ?

L’Etat n’a jamais été autant redistributeur dans les territoires, que faites-vous de notre argent à Grenoble Eric Piolle ?

Fonctionnement

Un mot sur le CCAS : +8% de subvention.

Je me félicite que vous ayez entendu ce que nous plaidons depuis maintenant 18 mois, c’était dans notre plan d’urgence du second tour, proposition numéro 6, on avait proposé +20%… tout comme un chèque pouvoir d’achat de 200 euros proposition numéro 1, à consommer chez commerçants grenoblois. N’hésitez pas à reprendre cette idée aussi !

Et on est loin du rattrapage des niveaux antérieurs ; Il aura fallu attendre 8 années de budget pour que vous augmentiez enfin ce budget crucial.

L’évolution des dépenses de fonctionnement va droit dans le mur :

2019 : 234 millions d’euros

2022 : 240 en prévisionnel + 6 millions en 4 ans

Un mot, sans détour, sur les 1607 heures

En 2019, avec l’accord unanime et sans réserve de tous les représentants des employeurs publics de la territoriale, nous avons rendu obligatoire les 1607h. Déjà, sous la mandature de François Hollande, l’incitation était forte dans les textes. Ce n’est donc pas un scoop. Tandis que de nombreuses collectivités ont depuis longtemps anticipé cet alignement, d’autres feignent, comme vous, de découvrir le sujet au prix d’un dialogue social précipité, crispé, brusqué et improductif.

J’assume donc très facilement cette disposition mais, de grâce, ne faites pas semblant : vous saviez depuis fort longtemps qu’il fallait entamer le dialogue social et mettre en œuvre cette mesure ! Vous avez volontairement attendu le dernier moment !

J’attire votre attention sur les leviers de négociation pour accoucher d’un accord social autour des 1607h : la négociation sur le télétravail, les indices de pénibilité, la complémentaire santé, la prime collective (le fameux CIA), le RIFSEEP qui permet d’aller jusqu’à 11000 euros de régime indemnitaires par an en catégorie C !

Je sais que le dialogue ne doit pas être simple, lorsque je me souviens de nos échanges au CA du CCAS en 2020 :

« Notre stratégie : faire plus, avec moins. Ce pas honteux Madame Chalas que de dire qu’il faut être plus efficace dans le service public, le rendement économique n’est pas quelque chose qui nous échappe et qui est un gros mot ».

« Madame Chalas, il vaut mieux avoir des agents en CDD pour s’adapter à notre besoin réel que des titulaires pour rien. Les CDD ça permet la flexibilité, donc on ne va pas tout supprimer, on assume aussi cette adaptation ». Propos signés Céline Deslattes. Parfois je regrette que les CA du CCAS ne soient pas publics.

Encore une fois, assumez vos responsabilités sans renvoyer la balle à l’Etat ou pire, au rapporteur du texte que j’ai été. Car non Madame Garnier, ce n’est pas la « loi CHALAS », il n’y a que vous qui la nommez ainsi. Cette loi a été votée, démocratiquement, à vous maintenant de l’appliquer dans les meilleures conditions pour la collectivité et surtout ses agents.

Investissement

Quant à vos projets pour 2022, nous avons là une liste à la Prévert de petites ambitions. Vous n’avez aucune vision globale, prospective sur ce que vous voulez faire de Grenoble.

Je cite à la volée :

Poursuite du plan lecture

Poursuite des travaux de rénovation…

Poursuite de la mise en œuvre du protocole…

Nous avons comme cela 12 « poursuites », avec aussi quelques « accélérations », « renforcement », « seconde phase ».

« Livraison » c’est pas mal aussi, livraison du parc Cambridge, car ça a été fait l’année d’avant, mais ça permet une inauguration en 2022.

Il faut reconnaitre quelques 11 « démarrages » ou « lancements » mais attention, c’est un piège, car il y a « des démarrages ou des lancements… de réflexions » !

Bref, dans un débat d’orientation budgétaire d’une ville de 160 000 habitants, on pourrait s’attendre à ce que ça vole un peu plus haut qu’une simple feuille de route, un inventaire qui n’a ni queue ni tête et qui n’a surtout aucune trajectoire. Je n’évoquerai pas aujourd’hui l’enjeu de la dette, mais il est considérable.

Dans ces temps incertains ou nous jouons collectivement notre avenir : la relance économique et l’emploi, la transition écologique et la justice sociale, on pourrait s’attendre à plus de hauteur et d’audace. Hélas, vous déployez votre hauteur et votre audace pour votre carrière politique. Le mur de la primaire a certainement été piquant, mais le message essentiel doit être entendu : le modèle que vous développez à Grenoble ne convainc pas. Vous qui avez été le premier maire écologiste/France insoumise d’une grande ville, que vous mettez en œuvre vos idées depuis 8 ans maintenant, nous attendions votre investiture comme une évidence. Et pourtant, vous n’avez pas convaincu vos militants, votre projet grenoblois et vos résultats n’ont pas convaincus. A quand le changement de cap ?