Question orale d’Emilie Chalas sur le squat Jean Macé
Conseil municipal du 14 juin 2021
Présentation par Emilie Chalas de la question orale du groupe Nouveau Regard sur le Squat Jean Macé.
Monsieur le maire, chers collègues,
Depuis l’été 2020, 140 personnes issues de la communauté Rom, dont près de la moitié sont des enfants, sont installées au 29 rue Jean Macé.
L’occupation des garages et des bâtiments est totalement illégale puisque le site est une propriété privée sur laquelle est prévu un projet immobilier d’une vingtaine de logements dont le permis de construire a été délivré.
Le propriétaire du tènement, qui avait saisi la justice pour faire expulser les occupants, a obtenu une décision du Tribunal en sa faveur : les squatteurs vont devoir quitter les lieux. Nous attendons et rien ne se passe… Afin de rétablir le droit, il va falloir les expulser et cela devient urgent. D’abord pour la bonne application d’une décision de justice, mais aussi pour rétablir l’équilibre du cadre de vie du quartier, car ce sont d’abord les habitants du quartier qui attendent et qui souffrent de cette situation.
Silencieux depuis des mois, la menace d’expulsion qui plane sur les squatteurs en cette fin de trêve hivernal vous a réveillé. Cette option semble être à l’origine des récentes discussions avec la préfecture et la Métropole pour, je cite « trouver en urgence des solutions à cette situation catastrophique », comme si vous découvriez la situation.
Mais chers collègues, ce sont, depuis plus de 10 mois, les habitants de la rue Jean Macé qui vivent une situation catastrophique ! Dois-je rappeler leurs demandes de rencontre avec des élus de votre majorité ? Elles sont restées sans suite que ce soit leurs demandes ou mes demandes. Les riverains se sentent à la fois abandonnés et en colère. Leur quartier est soumis de jour comme de nuit à d’intolérables nuisances.
Alors que se passe-t-il dans cette rue chaque jour, chaque soir ?
- Des nuisances sonores tout d’abord puisque les squatteurs annexent régulièrement la rue pour leurs activités avec musique, cris, vrombissements de moteurs.
- Des problématiques de propreté et d’hygiène avec l’utilisation d’une allée sous les balcons des riverains par les squatteurs pour faire leurs besoins, oui oui, dans la rue. Sans parler de la prolifération des rats devenu coutume à Grenoble tant il y a du laisser-aller dans la gestion du quotidien.
Qui sont ces squatteurs dont vous qualifiez la situation « d’extrême précarité » et d’une « vulnérabilité évidente » et pour qui vous revendiquez « le droit inconditionnel à l’hébergement « ?
- Il s’agit en réalité d’un clan à l’organisation mafieuse dont de nombreux membres sont connus des services de police, faisant des allers-retours réguliers avec la Roumanie et développant de pratiques illégales, trafic, prostitution, violence, vols… Les enfants sont utilisés pour les vols ou faire la manche ou laissés oisifs, et ne sont scolarisés que de façon sporadique.
Alors oui, les personnes installées aux 29 et 29 bis rue Jean Macé vivent dans de réelles conditions d’insalubrité mais le droit est le même pour tous les européens. Contrairement à ce que vous affirmez, le droit au séjour pour un ressortissant européen n’est autorisé que lorsque celui-ci a des revenus, ce qui n’est pas le cas en l’espèce, leurs micro entreprises ne perçoivent aucun revenu officiel. Les droits européens et français n’autorisent pas non plus un ressortissant européen à squatter la propriété d’autrui. Que vous mélangiez ces éléments de droit souligne soit votre incompétence soit votre mauvaise foi.
Bien évidemment, comme le squat accueille de nombreux mineurs, ils feront l’objet d’une attention toute particulière par les services de l’Etat comme l’exige notre droit français et la dignité de notre pays. Il en sera de même pour les personnes en situation régulière et/ou vulnérables. Pour les autres, ils feront face aux lois, française et européenne, qui s’appliquent à chacun d’entre nous.
Voilà la réalité.
Et soudain, vous communiquez sur le sujet. Je note au passage que la ville de Grenoble s’exprime sur cette affaire directement liée aux services de la Préfecture durant la période de réserve pré-électorale, à un moment donc où la Préfecture ne peut pas répondre…
Vous annoncez donc avoir trouvé une solution : vous proposez de les reloger grâce à la mise à disposition d’un immeuble de la ville de Grenoble. Vous êtes extraordinaires.
Donc non seulement vous ne dites pas la vérité sur la situation de ce squat, mais vous proposez de les reloger aux frais de contribuables grenoblois et de surcroit, vous achevez l’espoir des habitants du quartier d’une expulsion rapide ! Car bien évidement, le relogement va prendre des mois…
Ca n’est pas entendable, ça n’est pas acceptable !
Je continue sur votre CP. Monsieur Montgaburu évoque les annonces récentes de la ministre du logement. Là encore, vous vous mélangez les pinceaux : qu’a-t-elle annoncé ? Je vais éclairer nos concitoyens. Oui, l’Etat a annoncé des moyens supplémentaires pour reloger les familles : ces moyens s’inscrivent dans le cadre de la politique du « Logement d’abord », et sont dédiés à la sortie du plan hivernal pour des personnes en situation régulière qui étaient logées en toute conformité à la loi et qui se retrouvent à la rue. Cela ne concerne ni les squats, ni les personnes en situation irrégulière sur notre territoire. Encore une fois, incompétence ou manipulation.
Mais pour aller au bout de votre idée, et bien comprendre les tenants et les aboutissements du projet, nous souhaitons que vous nous indiquiez où est situé cet immeuble de relogement. Dans quel quartier ? Combien va couter le relogement ? Combien vaut l’immeuble concerné ? Allez-vous proposer de la mixité sociale dans un quartier du centre-ville ? A l’ile verte ? A championnet ? Ou allez-vous eux-aussi les loger dans un quartier prioritaire pour encore et toujours augmenter les difficultés quotidiennes de ces quartiers ?
Il nous semble raisonnable et urgent que le Conseil municipal et les Grenoblois soient informés de ce projet et de leurs hypothétiques futurs voisins ! C’est très prometteur cet immeuble dédié à un clan irrespectueux des lois.
En conclusion, vous l’aurez compris, j’espère que ce projet n’aboutira pas, ce serait incompréhensible. Les services de l’Etat ne seront, j’imagine, pas dupes. Ce squat doit être expulsé, les mineurs et personnes vulnérables et en situation régulière pris en charge par l’Etat, et ce quartier doit retrouver sa sérénité sans qu’un autre n’ait à subir votre démagogie misérabiliste.
Les mêmes règles, pour tous, point.