Les organisateurs du « Mois décolonial » à Grenoble en 2021 viennent d’annoncer qu’une seconde édition aurait lieu en mars 2022 alors que nous gardons encore tous en mémoire l’évènement du mois de juin. Il est difficile d’oublier ce feuilleton tragique largement relayé par les médias tant locaux que nationaux !
Qui pourrait en effet oublier votre spectaculaire rétropédalage demandant en urgence le retrait du logo de la ville sur les outils de communication diffusés par les organisateurs lorsque vous avez soi-disant découvert la programmation de l’évènement ?
Qui pourrait oublier l’objectif de l’évènement annoncé par les organisateurs : « Déconstruire, au travers d’un geste artistique et d’une parole intellectuelle, l’imaginaire décolonial (…), cet héritage du passé qui constitue le socle d’un racisme et d’une violence encore trop prégnante dans notre société » ?
Qui pourrait oublier la participation de personnalités de la gauche identitaire comme Rokhaya Diallo, militante pour les camps décoloniaux et les réunions non-mixtes ; Saïd Bouamama, cofondateur du Mouvement des Indigènes de la République (précurseur du PIR), co-auteur d’un livre intitulé Nique la France – Devoir d’insolence et Taha Bouhafs, journaliste / activiste qui n’en manque pas une pour promouvoir une pseudo-révolution en méprisant tout le monde sur son passage ?
Qui pourrait oublier les thématiques abordées lors des conférences et tables rondes : « le racisme systémique », « l’écologie décoloniale » les « violences policières : héritage de la colonisation», « Puissance et empowerment des “racisé.e.s” » ou encore « Décolonisons les arts » ?
Etre décolonialiste, ça veut dire quoi ?
Ce n’est pas simplement penser que nos compatriotes issus de l’immigration souffrent de discriminations : discriminations dans l’accès à l’emploi et au logement, discriminations racistes et, de ce fait, qu’ils font partie des couches sociales les plus pauvres et les plus opprimées de notre société. Tout un chacun d’un peu sensé peut le penser et le constater sans être pour autant décolonialiste.
En revanche, penser non seulement que la République ne peut pas résoudre ces difficultés, mais également que la République entretient, voire produit, ces discriminations, c’est être décolonialiste. En conséquence de quoi, seule une lutte active antirépublicaine, anti-universaliste et anti-occidentale permettra de lutter contre ces discriminations, c’est cela être décolonialiste et c’est très inquiétant.
A gauche comme à droite, partout en France, les réactions politiques ont fusé pour dénoncer le totalitarisme de ces revendications identitaires et les contre-vérités dangereuses que ce mouvement égraine. Ne nous y trompons pas, ces évènements plutôt que d’être des lieux pluralistes et ouverts permettant de véritables débats contradictoires favorisent leur hystérisation, fractionnent la société et menacent les valeurs démocratiques et républicaines.
«Ces mouvements ne font qu’aggraver les déchirures profondes de notre pays et lorsque je pointe mon attachement à certaines choses qui font l’universalisme, la République (…) tout de suite, je suis traitée, comme d’autres, de “nègre de maison”, de “bounty”, etc. », relève l’écrivaine Rachel KHAN en parlant des activistes décoloniaux auto-proclamés racisés.
Les organisateurs sans aucun doute tellement satisfaits du buzz en 2021 de leur mois décolonial, persistent en annonçant une édition 2022.
Alors soyons clairs, je suis démocrate et républicaine, c’est bien parce que la France et démocrate et républicaine que ces personnes peuvent s’exprimer librement, réécrire l’histoire et raconter des inepties sans qu’elles ne soient inquiétés. Elles peuvent s’exprimer de la même façon que je peux dire que je ne suis pas d’accord et que leurs discours sont inquiétants. Là n’est pas le sujet de ma question orale.
En revanche, comme la dernière fois, elles ne manqueront certainement pas de solliciter des partenaires et une nouvelle fois la ville si ce n’est déjà fait !
Monsieur le maire, en mai dernier vous avez finalement affirmé je vous cite « une institution publique n’a pas à être associée, en tant que telle, à ce festival militant » tout en précisant sur Twitter la tenue de ce festival était « légitime ».
Vous comprendrez donc que les Grenoblois attendent de vous une position sans ambiguïté sur votre engagement pour l’édition 2022 de ce festival militant et idéologique à la gloire du décolonialisme ? La ville de Grenoble sera-t-elle partenaire de cet évènement ? Va-t-elle financer l’évènement via des subventions ou par le prêt de salles à titre gratuit pour accueillir les conférences ou séquences programmées ?