Monsieur le Maire, chers collègues,
Nous examinons aujourd’hui le dernier Rapport d’Orientation Budgétaire de votre mandat.
Et à la lecture de ce document, une chose saute immédiatement aux yeux : tout est fait pour donner l’illusion que la situation est maîtrisée, alors que, dans les chiffres eux-mêmes, dans vos propres tableaux, on lit très clairement que la ville est au bord de l’asphyxie financière.
C’est d’ailleurs la grande force de votre communication : vous utilisez des graphiques, de la couleur, des noms séduisants – “fabrique de la ville”, “bouclier social et climatique”, “pack solidarité”, “transition”, “intracting”… – mais lorsque l’on détaille les montants, lorsque l’on lit ce qui se cache derrière les effets de style, le constat devient brutal.
Je veux commencer en citant votre propre document, car il dit tout. Page “prospective financière”, il est écrit : « Des efforts d’économies doivent être dégagés sur les dépenses de fonctionnement à hauteur de 2,8 millions d’euros par an, chaque année. »
Cette phrase semble technique, presque anodine, mais elle est en réalité un aveu d’échec. Elle signifie une chose très simple : la machine municipale coûte plus cher que ce que la ville est capable de financer. Les recettes ont peu de perspective d’augmentation sinon par l’augmentation des impots, impôts ont déjà été poussés très haut, et pourtant les dépenses continuent de croître à un rythme que vous ne maîtrisez plus.
Et la suite du document le confirme. Vous indiquez que la Capacité d’Auto financement nette va s’effondrer dans les prochaines années. Pour que chacun comprenne bien la Capacité d’Auto-Financement, c’est tout simplement l’argent qu’il reste à la ville une fois que toutes les dépenses de fonctionnement ont été payées — les salaires, les subventions, les fluides, les services publics du quotidien. Et une fois qu’on a retiré le remboursement de la dette, ce qui reste — la capacité d’auto financement nette — est l’argent réellement disponible pour investir sans emprunter.
Or, dans votre propre tableau, on lit ceci :
La ville aura perdu plus de la moitié de sa capacité d’investissement en quatre ans. Ce n’est pas un détail, ce n’est pas une mauvaise passe : c’est l’indicateur le plus clair d’une gestion financière à bout de souffle.
Et cette chute n’a rien de mystérieux. Elle est la conséquence directe d’une explosion des dépenses de fonctionnement. Regardons simplement les chiffres :
En trois ans, la ville dépense près de 40 millions d’euros de plus chaque année pour simplement faire tourner la machine. Et tout cela après avoir augmenté les impôts locaux à un niveau record national : +25 % sur la taxe foncière, soit 45 millions d’euros de prélèvement nouveau chaque année.
Les Grenoblois paient donc massivement plus, mais la ville ne retrouve toujours pas l’équilibre. Elle dépense encore et encore, sans jamais réformer, sans jamais réduire son train de vie, sans jamais remettre à plat ce qui dysfonctionne. C’est l’inverse de ce que toutes les autres grandes villes ont fait dans la même période.
Parce que la ville n’a plus assez d’argent pour investir, elle emprunte. Non pas ponctuellement. Non pas de manière maîtrisée. Mais chaque année, massivement, et pour des montants qui ne cessent d’augmenter.
Votre ROB l’écrit lui-même :
Dans la plupart des communes, quand la Capacité d’Auto financement baisse, on réduit les dépenses ou on diffère un projet. À Grenoble, on emprunte.
Résultat : l’encours de la dette atteint 296,7 millions d’euros, et vous prévoyez d’arriver à près de 320 millions d’euros en fin de mandat.
Et c’est ici qu’il faut être clair avec les Grenoblois : vous avez dépassé la dette laissée par Alain Carignon. Celle que vous dénonciez depuis dix ans. Celle qui, selon vous, était le symbole d’une gestion passée irresponsable. Vous avez fait pire. C’est un fait historique.
Quand la Capacité d’Auto financement s’écroule, quand le fonctionnement explose et que les impôts ne suffisent plus, il ne reste qu’une solution : vendre.
Et c’est précisément ce que l’on voit dans ce ROB.
On vend des terrains, on récupère des avances, on fait jouer des compensations financières, on touche des dividendes exceptionnels de la GEG, on enregistre des “remises d’ouvrage”, on utilise des dispositifs ponctuels comme le FCTVA.
Mais à force de “one shot”, il ne restera plus rien.
La vérité est simple : vous financez aujourd’hui l’investissement en vendant la ville. Mais une fois le patrimoine liquidé, il n’y aura plus rien à vendre. Ni pour cette majorité, ni pour la suivante. Et c’est ainsi que l’on met une ville dans l’incapacité d’agir durablement. Une ville qui vend ses murs pour payer son fonctionnement finit paralysée.
Depuis plusieurs années, votre majorité a remplacé la politique par le marketing. Vous ne présentez plus un budget, vous présentez des “packs”.
Pack transition.
Pack fabrique de la ville.
Pack solidarité.
Pack culture.
On hésite entre une brochure de supermarché et un abonnement téléphonique. Mais quand on ouvre ce ROB, tout se dégonfle.
Prenons le symbole : le Bouclier social et climatique. Vous l’avez présenté comme la grande justification de l’augmentation de la taxe foncière.
Coût annoncé : 12 millions d’euros.
Recettes nouvelles d’impôts : 45 millions d’euros par an.
Taux de réalisation certaines années : à peine 60 %.
Les Grenoblois ont payé. Mais les engagements n’ont pas été tenus. Ce n’était pas un bouclier. C’était un prétexte.
Même chose pour la “Fabrique de la Ville”.
On promet, on annonce, on inaugure sur PowerPoint. Et dans les tableaux, on lit : “décalage”, “report”, “ajustement”, “reprogrammation”.
Le plan écoles ? Décalé.
Le plan lecture ? Décalé.
La tour Perret ? Décalée pendant des années
La bibliothèque du Jardin de Ville ? Fermée.
Les piscines ? Fermées.
Les équipements publics ? En souffrance.
Il n’y a pas de fabrique de la ville. Il y a l’usure de la ville.
Parce que tout cela n’aurait qu’une importance relative si la ville allait bien, si les habitants voyaient des résultats, si l’argent public transformait leur quotidien.
Mais la réalité est exactement l’inverse.
Grenoble est aujourd’hui :
Vous dépensez plus qu’aucune équipe municipale avant vous. Vous empruntez plus qu’aucune équipe municipale avant vous. Vous taxez plus qu’aucune équipe municipale avant vous. Et pourtant, Grenoble n’a jamais été aussi abîmée.
Monsieur le Maire, vous avez annoncé que vous ne vous représenteriez pas. Votre majorité le sait. Les Grenoblois le sentent.
Ce ROB n’est pas un projet pour l’avenir. C’est un document de sortie. Une manière de passer le relais sans assumer le bilan.
La prochaine équipe municipale héritera :
Vous aviez promis de “redresser” Grenoble. Vous l’aurez accablée de charges, d’impôts, et de dettes pour longtemps.
Il faudra du courage. Il faudra du sérieux. Il faudra des élus compétents qui travaillent en partenariat avec ses services et avec la métropole, et non pas contre eux. Il faudra remettre la ville sur ses pieds.
Parce que derrière les tableaux, les indicateurs, et les belles expressions, il y a une réalité sociale, économique et humaine.
En 2026, il faudra entamer la reconstruction de Grenoble. Ce qui doit être fait est une évidence pour un grand nombre de Grenoblois. Vous n’en parlez pas dans votre ROB c’est pourtant la seule réponse à la situation comptable de la ville aujourd’hui. Les Grenobloises et Grenoblois doivent se rassembler autour d’une équipe compétente, expérimentée, rassemblant des sensibilités différentes, toutes mises au service d’un seul intérêt : celui de Grenoble et de ses habitants, sans entrer dans les batailles nationales, sans entrer dans les bataille d’égo. Notre sujet est Grenoble, notre sujet est l’avenir de nos enfants dans notre ville. Quelle ville souhaitons-nous construire pour eux ? Votre ROB continue au fil de l’eau… sans projection, sans transformation structurelle pourtant nécessaire.
Faut-il améliorer la qualité de vie et organiser une transition réaliste ?
Oui, nous devons faire de l’écologie un levier d’amélioration du quotidien.
« Faire de l’écologie un moteur de bien-être, pas de contraintes. » En est-il question dans votre ROB ?non.
Grenoble ne doit-elle pas devenir une ville qui réussit pour tous ? C’était votre slogan en 2014… Où retrouve t’on cela dans votre ROB ?
Grenoble est la seule grande ville d’Auvergne-Rhône-Alpes à perdre des habitants. L’immobilier s’est effondré avec un prix moyen au m2 désormais inférieur à celui de Lyon, d’Annecy mais aussi de Chambéry. La commune compte 13 500 logements vacants soit 13,3% du parc. La vacance des commerces a explosé : elle est aujourd’hui supérieure à 12% quand les villes les plus dynamiques sont en deçà de 6%. La fiscalité atteint un niveau insoutenable. Et que dire du taux de pauvreté : il est désormais de 21% quand la moyenne nationale est de 14,9% est même de 29% chez les moins de 30 ans.
C’est à cela que votre ROB devrait s’attacher, répondre au réel et réconcilier la performance économique et l’utilité sociale.
Comment faire ?
« L’énergie grenobloise, c’est son talent collectif. » Pas un mot dans le ROB.
Après tant d’années de défiance et de renoncement dans le dialogue avec les habitants, il faudrait s’attacher à réconcilier la ville et ses habitants.
Restaurer la confiance, la proximité et le dialogue.
Propositions clés :
« Gouverner Grenoble, c’est écouter avant d’imposer. » Rien dans votre ROB sur ces sujets.
Fierté grenobloise
Objectif : Réaffirmer l’identité et l’attractivité de Grenoble.
Propositions clés :
C’est à cela que vous devriez être attachés, c’est cela la responsabilité d’un Maire et de son équipe, c’est cela le mandat qui vous a été confié. Prendre soin des grenobloises et grenoblois, prendre soin de nous !
Conclusion
Ce ROB 2026 n’est pas une orientation. C’est une constatation d’échec.
En dix ans, votre gestion aura abouti à :
Vous aviez promis la transition écologique.
En réalité, vous avez surtout inventé la transition… budgétologique : on prend tout, on dépense tout, et on emprunte pour le reste. La dette Piolle se recycle d’année en année et se transmet aux générations futures, pas sûr qu’elle figure dans les manuels de développement durable !
Vous laisserez une ville affaiblie, appauvrie et endettée pour longtemps.
En tant que Grenobloise depuis toujours, je pensais comme bcp, avoir tout vu et vous êtes arrivés. Un espoir à votre entrée en 2014, un désespoir à la sortie en 2026. Je ne vous remercie pas Monsieur le Maire et j’espère que les grenoblois feront le choix de retrouver leur fierté perdue et la grandeur de Grenoble. Car Grenoble mérite mieux.
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