Conseil municipal du 27 septembre 2021

Intervention d’Emilie Chalas sur l’adoption d’un contrat de Projet Partenarial d’Aménagement pour le projet GrandAlpe

Je commence en lisant le préambule de la convention en annexe :

« Longue tradition d‘innovation urbaine et sociale au cœur d‘un enjeu immense : devenir la métropole de la transition énergétique, de la lutte contre la fracture climatique et sociale en développant de nouvelles formes de services et de solidarités ; une métropole fondant son attractivité sur la qualité de vie et le bien-être de ses habitants ».

La tournure de la phrase est en soit surprenante : la priorité, c’est de changer l’image de la Métropole. A titre personnel, pour moi, la politique c’est changer la vie des gens, l’améliorer. C’est le cœur de chauffe de l’engagement politique. Je ne crois pas que la qualification de la Métropole, dire qu’elle est la métropole de qqch soit un objectif politique. C’est un objectif de communication, pas un objectif de vivre ensemble.

Ceci étant dit, la suite est prometteuse : « lutter contre la fracture sociale » ? Ça fait 4 ans que l’on entend cela, mais oui il y a un vrai sujet. « Développer de nouvelles formes de services et de solidarités » j’ai hâte de lire le projet, « qualité de vie et bien-être de ses habitants » c’est prometteur d’une écoute de la parole habitante. Que veulent les habitants du secteur Grand Alpe ? Qu’attendent-ils comme changement dans leur quotidien ? Nous pouvons supposer qu’ils ont été entendus…

Voyons donc la méthode et le projet.

400 ha 30 000 habitants.

La désignation de Grenoble comme capitale verte européenne 2022 projette Grand alpe « dans un projet urbain de grande envergure » (toujours dans le préambule) « ce projet ambitionne d’améliorer durablement »… la vie des habitants ? Non,  « les fonctionnalités et l’image du territoire dans la Métropole ». Encore raté pour la vie des habitants !

Poursuivons.

Centralité métropolitaine, projet de territoire, 20 ans de mise en œuvre du projet. On voit plein de plans en couleur (je connais bien je suis moi-même urbaniste).

La concertation arrive page 10. Nous apprenons que les études ont commencé en 2009, et que la concertation s’est tenue de janvier à juin 2019. 2 lignes pour dire qu’il y a eu 700 participants au processus de concertation.

Plan d’action. P13.

1. Micro PDU
2. Etude prospective rocade sud
3. Stratégie foncière
4. Mener des études opérationnelles

Equipements, Alpexpo, ferme urbaine… Transformer les espaces publics, transformer la friche urbaine.

Page 22 enfin, arrive un peu de projet humain. « Action 18 : définir les conditions d’une action spécifique en direction de la jeunesse ». Les porteurs de projet devront se réunir avant 2022 (nous sommes en septembre 2021) pour réfléchir a cette action. Moyen alloué : non défini. On en est où ?

« Action 19 : établir un protocole artistique partagé entre les acteurs ». Moyens alloués : 200Keuros.  C’est peu pour de la culture sur 15 ans. Exemple d’action : narration. Ah dommage.

On injecte deux fois plus d’argent pour l’animation de l’urbanisme temporaire (400 000 euros).

L’annexe 2 est illisible.

Bref, tout ça pour dire quoi ? Que les élus locaux vont dépenser 650M d’euros dans des quartiers politique de la ville avec deux lignes sur les attentes des habitants et 2 actions de saupoudrage destinées aux habitants.

Vous reproduisez les mêmes erreurs que depuis 40 ans dans les QPV ! Plutôt que de consacrer des budgets pharaoniques aux espaces publics et aux ravalements de façades écoutez les habitants, aidez-les à trouver, retrouver leur place dans notre société, par l’emploi, par la dignité retrouvée dans ces quartiers !

Que disent-ils ces habitants ? Qu’attendent-ils ?

La même chose figurez-vous que dans les autres quartiers :

Un avenir serein pour leur enfant, De l’emploi

De la sécurité dans le quartier

De la propreté en bas de chez eux, une meilleure gestion des déchets,

Des places de stationnement

Des commerces, des marchés,  pour une vie de quartier embellie

Des bailleurs plus investis dans l’entretien du quotidien : la propreté et l’entretien des espaces communs mais aussi l’entretien des appartements privatifs.

Avant tout, ils souhaitent être entendus, consultés. Quand on se promène à l’Arlequin, il n’est pas rare d’entendre le témoignage des habitants dire que le parking silo est moche, qu’il n’y a plus de stationnement, que les bennes à ordures enterrées sont mal positionnées, qu’ils préfèreraient refaire leur appartement plutôt que les façades de leurs immeubles. Qu’ils attendent des stages et des contrats de travail pour leur enfant. Voilà le réel !

Alors il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut rien faire sur les espaces publics et à grande échelle, mais pourquoi ne pas allouer ne serait qu’un tiers de cette somme, soit 250Md’euros, a l’égalité des chances, l’aide au devoir, les départ en vacances, à la sécurité, à la propreté, à l’animation des quartiers, au soutien des commerces, vous imaginez la puissance d’intervention pour aider ces habitants ? Là on change d’échelle, là on change la vie de nos concitoyens, pour de vrai. Et c’est un choix que vous pouvez faire. C’est entre vos mains, vous êtes les élus de la majorité !