Après avoir listé l’existant, vous développez 3 axes prioritaires de la politique internationale et européenne de la ville pour 2023-2028 dont l’axe 2 qui insiste sur :
– la promotion des droits humains, la lutte contre les discriminations et les préjugés (…)
– la programmation avec les territoires partenaires, d’actions en faveur de la paix
– l’investissement sur des projets emblématiques promouvant la culture de la paix et le faire-ensemble.
Vous dites également, que “la ville ne développera pas de nouveaux partenariats et privilégiera l’existant”. J’imagine que l’idée est faire mieux avec nos partenaires actuels.
Une fois ceci posé, on ne peut que se questionner sur les récents choix du maire quant à sa visite à Ramallah les 7 et 9 mai alors qu’il a renoncé depuis sa première élection à faire vivre le jumelage avec Rehovot pourtant endeuillée le 11 mai dernier par un attentat islamiste.
Selon ses dires, le maire serait “attaché au règlement définitif de la question israélo-palestinienne”. Mais dans ce cas, il me semble pour le moins délicat d’installer un déséquilibre entre chacune des parties. Ce biais est d’autant plus troublant que la position d’Elisa Martin, ex-première adjointe, donc membre à part entière de la majorité, paraît plus que tranchée sur la question.
Depuis le premier conflit israélo-arabe en 1948, la France porte une voix singulière et équilibrée au service de l’apaisement. Comment fait-elle ? La France parle à tout le monde et c’est sa force. Consciente que la paix réside dans l’accord entre antagonismes, sa vocation est de créer les conditions du dialogue entre belligérants en vue d’accords de paix.
Et votre choix d’installer un déséquilibre entre chacune des parties, c’est renoncer à l’apaisement. C’est d’autant plus incompréhensible quand on dit vouloir “œuvrer en faveur de la paix”. Or, c’est au politique que vous êtes de préserver cet équilibre.
Refuser de faire vivre le jumelage avec Rehovot au motif qu’elle est tenue par l’extrême-droite ultra-orthodoxe pourrait apparaître comme une résignation. La paix ne se fait qu’avec ses adversaires, ceux qu’on tente sans relâche de convaincre. En l’occurrence, où mieux qu’à Rehovot, aller porter la voix d’une solution à deux états ?
Refuser de faire vivre le jumelage avec Rehovot pour des motifs de force politique au pouvoir manque de nuance et de hauteur de vue. La ville de Ramallah, tout comme celle de Rehovot, sont traversées l’une et l’autre par des courants extrémistes qui s’arqueboutent sur des positions nationalistes bien loin d’une ouverture au dialogue. C’est justement pour tenter d’endiguer ces tentations de retranchement dans cette géopolitique complexe, que des échanges avec la ville de Grenoble sur les terrains culturel, économique, scientifique, artistique, littéraire, etc… prennent tout leur sens.
Refuser de faire vivre le jumelage avec Rehovot pour des motifs de force politique au pouvoir, c’est oublier la société civile qui ne dispose plus de ces respirations de “diplomatie civile” que constituent les jumelages ; c’est faire peu de cas de l’opposition, (si ça se trouve des forces de gauche voire des écolos ?), ou peu de cas des “israéliens musulmans” fréquents dans la région de Tel Aviv. Faudrait-il entendre dans ce choix le peu de cas que vous faites de l’opposition, à Rehovot, comme à Grenoble ?
Refuser de faire vivre le jumelage avec Rehovot, c’est transiger avec vos propres choix. Dans l’axe 2 de votre stratégie internationale, vous voulez (je cite) “programmer avec nos territoires partenaires des actions fortes sur la paix et les valeurs de la résistance” où mieux qu’à Rehovot, pouvez-vous réaliser cet engagement ? Et même au-delà, où mieux qu’à Rehovot, Grenoble ville compagnon de la libération, peut-elle mieux mener son combat et porter son exemple ?
Vous avez une occasion unique, à l’aune de cette délibération, de relancer le jumelage avec Rehovot. Vous mettez en avant dans l’axe 2 que Grenoble souhaite promouvoir les droits humains, la lutte contre les discriminations et les préjugés et œuvrer en faveur de la paix. Vous en avez l’occasion, en respectant même votre choix de privilégier les partenariats existants ! Œuvrer en faveur de la paix, c’est ne jamais rompre le dialogue…
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